Le passant peut découvrir cet article qui est en cours d’écriture.
Article qui ne reflette donc que mes « idées provisoires » sur la honte.
J’enlèverai cet avertissement lorsque j’aurais quelque peu stabilité ma pensée.
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Dans le langage « soutenu » (journalistique, etc.) certains écrivent que la honte est une émotion.
Pourtant le langage « ordinaire » – qui sait beaucoup de choses – dit « le sentiment de honte ».
Le sentiment c’est plus profond et plus primitif que l’émotion.
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Il existe un « test » pour savoir ce qui est profond et primitif versus ce qui est dans des couches plus récentes du cerveau.
Au cours d’une séance d’hypnose – éricksonnienne par exemple – il est possible de demander au patient :
« Remettez vous dans l’état où vous étiez quand vous avez eu honte ! »
Et le patient va se remettre dans l’état, il va être tout « rouge de honte », etc.
La honte est :
- psychobiologique
- temporelle
Si je demande à un patient qui veut bien faire un « voyage avec transe » :
« Remettez vous dans l’état où vous étiez quand vous étiez amoureux !«
le patient va se « réveiller » de sa transe pour me dire : « Mais de quoi vous parlez ?«
Une émotion est :
- mentale avec des effets secondaires somatiques
- a-temporelle
On a la même polarité pour la peur et pour l’angoisse.
« Remettez-vous dans l’état où vous étiez quand vous avez eu peur ! » fonctionne très bien.
« Remettez-vous dans l’état où vous êtes quand vous êtes angoissé ! » fonctionne beaucoup moins bien.
On voit donc que l’expérience du travail avec l’hypnose permet de distinguer :
- les paléo-émotions comme la honte ou la peur où l’élément « sensation précise que l’on peut revivre » est dominant
- les émotions – amour, angoisse, joie, etc. – qui sont polymorphes et a-temporelles
Voir le traitement de la névrose post-traumatique (1)
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C’est l’histoire d’un vieux monsieur qui me parle de ses quatre grands-parents.
Ils étaient respectivement, me dit le vieux monsieur :
- franco-catholique
- germano-protestant
- ibéro-catholique
- rrom – calo catalan
Et il me parle de cela justement par rapport à la honte.
« Du côté des franco-catholique, on disait souvent « le ridicule ne tue plus » ; par contre la culpabilité était un sentiment important« .
« Du côté des rroms et des ibériques on a la honte dans toute les langues. »
Je vérifie dans le Wiktionnaire qui me propose le catalan vergonya , l’italien vergogna, l’espagnol vergüenza, le portugais vergonha, le provençal vergougno ou encore l’occitan vergonha.
L’origine est le mot latin vĕrēcŭndĭa dont le sens fort est celui de « pudeur ».
En français « être sans vergogne » c’est être sans pudeur, sans capacité à la honte.
« On a de la pudeur chez nous ! » disent les rroms et les ibériques.
Le mot honte dans la langue rromani qui est une langue indo-européenne :
Prononciation « ladj' »
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Etre ou avoir ?
C’est l’histoire d’un prof de français bien intentionné qui dit : « On ne dit pas « j’ai la honte ! » tu vois ? »
Eh bien justement la honte c’est quelque chose que l’on a.
De même que l’on a la pudeur.
Alors que l’on est culpabilisé par la règle morale/religieuse.
Dans la culpabilité il y a un agent extérieur, la règle.
Dans la honte il y a une sorte d’automatisme – ce qui ne se fait pas est intériorisé dans un espace quasiment non-verbal.
à suivre …
Notes
(1) En particulier grâce aux recherches d’Ernest Rossi on sait traiter la dimension « choc » du traumatisme par le revécu grâce à l’hypnose éricksonnienne.
Souvent les professionnels du post traumatique n’ont pas eu eux-mêmes l’expérience de ce choc et de ses traces et ne font pas clairement la différence entre :
- le choc qui peut être revécu dans l’état où l’on est une seconde après le choc = la transe
- la honte – en cas de viol – qui est inscrite au niveau psychobiologique et se travaille également avec la transe
- les émotions qui se travaillent avec d’autres approches de type psychanalytique par exemple
Pourquoi présenter les approches cliniques comme opposées là où elles sont indispensablement complémentaires pour le patient ?
On voit dans le présent article que :
- lorsqu’on se prive de l’approche clinique par la transe
- on rate l’opportunité de voir l’exercice de la transe enrichir la construction théorique de la honte comme paléo-émotion psychobiologique
- on prive le praticien de ce modèle et il traite la honte comme une émotion « ordinaire »
- le patient va plus mal car il a honte d’avoir honte !
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