à retravailler
En 2002, j’ai quelque peu écrit sur le bonhomme – en anglais – (colloque EDEN 2002 Granada Espagne) Learning about Sancho Panza and foreign cousins …
Je traduis et j’actualise quelque peu le texte.
De nombreux chercheurs et gestionnaires de projets d’apprentissage en ligne s’accordent sur la nécessité de faire travailler les apprenants ensemble en tant que communauté d’apprentissage. « Coopérer », « communauté » ainsi que « communiquer » ont à voir avec « avoir quelque chose en commun ».
Au sein d’un groupe d’apprenants et d’enseignants d’origines multiples, les gens ont en commun une version réduite de la langue de travail.
Mais la langue elle-même, en tant qu’ensemble de mots, est-elle le seul moyen de se comprendre ?
Je me propose de considérer ce que les apprenants de la Grande Europe et de la zone méditerranéenne peuvent avoir en commun « avant », même s’ils n’en ont pas conscience.
Je m’intéresserai ensuite au processus par lequel ils construisent un ensemble commun de textes de référence en naviguant sur le Web.
Les moyens et outils réels de récupération sont comparés aux capacités plus vastes du Web sémantique.
Avant Babel : ce que les apprenants euro-méditerranéens peuvent avoir en commun
Mon expérience est que, quel que soit le sujet du cours, les apprenants arrivent à un point où ils se posent la question « qu’avons-nous en commun ?
Ils découvrent rapidement que la plupart d’entre eux utilisent des mots arabes comme Algèbre, des mots indo-européens comme Guitare, et des mots grecs aussi et que, derrière ces mots, il y a :
– Des conceptions communes selon lesquelles les éléments du monde peuvent être mesurés (Algèbre, etc.).
– Des modèles communs d’échanges à travers la musique et les mots (la guitare permettant de jouer de la musique arabo-andalouse ainsi que du Rock and Roll).
– Des références communes aux écrits de Platon et d’Aristote directement ou par l’intermédiaire d’autres écrivains locaux.
– etc.
Finalement, un participant soulignera peut-être qu’ils ont autre chose en commun, sachant que l’année 1996 a été proclamée Année Nasreddin Hodja par l’UNESCO.
L’article du WikiPédia s’appelle Nasreddin dans de nombreuses langues, en français Nasr Eddin Hodja, en basque Nasrudin, en italien et en russe, Nasreddin Khoja, en portugais, Naceradim Coja, en Roumain Nastratin Hogea, dans son pays d’origine, la Turquie, Nasreddin Hoca.
Il s’agit d’un personnage d’histoires qui sont universelles car elles décrivent la nature humaine et les faiblesses de l’humanité partout dans le monde.
Ce personnage universel a inspiré Cervantès pour les actions et la pensée de Sancho Panza. Leur popularité respective peut être vérifiée sur Internet, avec le moteur de recherche Google par exemple.
Début 2025. Nasrettin : plus de 3 millions de documents !!!
Nasreddin : 1,7 millions ; Sancho Panza près de 3 millions de documents !!!
Comme les apprenants sont étonnés !
Au premier coup d’œil, ils pensaient qu’ils étaient si différents.
Parler des langues différentes, avoir des costumes folkloriques différents, avoir des religions différentes, avoir des systèmes politiques différents dans leurs pays d’origine.
Certes, avoir en commun l’algèbre, les gammes mineures et les concepts philosophiques est vrai mais quelque peu « sophistiqué ».
Alors, ils se rendent compte qu’ils rient du même personnage à propos des mêmes situations ! Ce qui est typique de ce personnage, c’est qu’il a un âne.
Laissez-moi vous raconter une histoire vraie qui s’est produite dans une communauté d’apprentissage.
Un camarade, au sein de la communauté d’apprentissage, raconte une histoire sur Nasreddin, l’âne et le douanier.
Et un gars de Belgique, ouvrant de grands yeux, dit au groupe :
« En Wallonie, nous avons cette même histoire mais le héros est un Wallon et l’âne est remplacé par un vélo ! »
Les anthropologues observent que cet ensemble commun de récits s’étend de l’Irlande à l’Inde du Nord.
D’autres chercheurs s’intéressent à ce que tous les êtres humains ont en commun et qui n’est pas visible au premier coup d’œil.
Les recherches sur la « langue d’origine » se heurtent à des difficultés méthodologiques – Abehsera.
Les travaux sur la construction commune des langues avec métaphores – Lakoff & Johnson (1980) sont plus prometteurs.
Les travaux sur les contes de fées anciens – Propp (1927) et ses successeurs sont bien connus. Les faits explorés par Jaynes sont fascinants, tout comme ceux de Girard.
Illustration : une figurine de Nasreddin à l’envers sur son âne.
Vu sur un rayon de ma bibliothèque
