Comprendre le boustrophédon par l’induction

Illustration : Ecriture phénicienne de droite à gauche

Articles WikiPédia Boustrophédon et Induction.

On a trois phénomènes dans trois espaces disjoints. C’est pour cela que la méthode pour comprendre vraiment les pratiques du boustrophédon est dite inductive.

Espace 1 : Le vieux qui écrivait en boustrophédon

Bonjour

J'ai le plaisir ...

Et il n’est pas le seul.

Divers troubles dû à l’âge où autre amènent des personnes à écrire en boustrophédon : une ligne sur deux en miroir.
Pourquoi ?
Parce que c’est la manière « naturelle » d’écrire : nous le comprendrons par induction à partir des trois espaces.

Espace 2 : Le gamin qui écrit en boustrophédon

Il faut un gamin qui soit plutôt branché sur sa dynamique naturelle et pas trop hyper adapté au modèle culturel.

Alors il écrit « naturellement » … en boustrophédon.
Il se fait reprendre par l’enseignant jusqu’à oublier qu’il a commencé à écrire en boustrophédon.

Espace 3 : Le Grec qui écrivait en boustrophédon

C’est curieux parce que 1000 ans avant notre ère les phéniciens écrivent de droite à gauche : préparation aux écritures sémitiques, à l’hébreu, l’arabe, etc.
On dit qu’ils écrivent « en miroir » alors que l’écriture de référence – la nôtre de gauche à droite  … n’existe pas encore il y a 1000 ans.

En effet quand les Grecs se mettent à écrire ils écrivent « comme des sauvages » = naturellement = en boustrophédon.
Comme l’enfant, comme le vieux, le Grec a sous les yeux un modèle écrit dans un « sens unique » et il écrit dans les deux sens.
Et puis en l’an moins 403 Archinos ordonne aux Grecs d’écrire de gauche à droite.
Pourquoi ?
Parce que si un droitier écrit sur de la cire ou de l’argile de droite à gauche – comme les phéniciens – alors son auriculaire risque de « trainer » sur ce qu’il vient d’écrire.
Le choix de l’écriture de gauche à droite viens d’un truc pratique.

Espace 4 : Leonard de Vinci

Il est gaucher et il observe que s’il écrit de gauche à droite son auriculaire traine sur l’encre.
Alors il écrit de droite à gauche.

Synthèse inductive

Il y a la nature : écrire en boustrophédon.
Il  y a un truc pratique pour un droitier qui écrit sur de la cire : il vaut mieux écrire de gauche à droite.
Pour un gaucher il vaut mieux écrire de droite à gauche.

Mais pourquoi les sémites droitiers écrivent-ils de droite à gauche ?
Parce qu’en l’en 1000 on écrit en gravant de la pierre et que, pour un droitier, la gravure de la pierre pour écrire va mieux de droite à gauche.
Cela permet en particulier un « droit à l’erreur » = un coup de marteau un peu trop fort enlève un morceau de pierre à gauche … où rien n’est encore écrit !

Chassez le naturel, il revient …

Tableau : Extrait modifié d’un résultat de recherche (1)

On voit :
– qu’à l’âge de 6 ans il y a plus d’enfants qui on le « réflexe boustrophédon » 40% que d’enfants qui ont le « réflexe gauche droite » 30%.
– qu’à l’âge de sept ans le « dressage » fonctionne : il n’y a plus de réflexe boustrophédon
– qu’à 8 ans le réflexe boustrophédon revient pour 5% des enfants
– qu’à 9 ans le réflexe boustrophédon revient pour 10% des enfants

Si l’on croise cela avec l’histoire du vieux et celle du Grec ancien on comprend que le réflexe gauche droite est une acquisition fragile qui ne demande qu’à s’effacer au profit du boustrophédon naturel.

Note

(1) Expérience de Frédérique Robin ; c’est moi qui ai écrit « boustrophédon » et « gauche droite » car les termes choisis n’étaient pas clairs vis à vis du présent article.
Article Cairn.info

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