Jésus de la Salpêtrière et le Pervers narcissique

Une fiction pour comprendre. (1) C’est l’histoire d’un enfant qui naît fin décembre près d’un stock de salpêtre. Ses parents l’appellent Jésus. Ils ont lu le Livre de Job et la phrase « La route antique des hommes pervers« . Alors ils veulent que leur petit Jésus soit le contraire d’un homme pervers. Alors ils prennent la liste des qualités de l’homme pervers proposée par Isabelle Nazare-Aga et font la liste des qualités à développer pour leur petit Jésus.

Trente ans plus tard

C’est donc l’histoire édifiante de deux hommes.
Le premier est le Pervers narcissique type, il se nomme Pierre-Noël.
En face de lui Jésus de la Salpêtrière que ses copains appellent JDLS.
Pierre-Noël et JDLS sont tous les deux mariés.
Ils sont voisins et habitent près du métro Bonne nouvelle.
Notre histoire édifiante pourrait avoir la forme d’un roman ou d’une BD.
Et bien non ! Elle aura la forme d’un … tableau …
De chaque côté de la haie de troènes qui les sépare, nous voyons vingt comportements de nos deux protagonistes.

Pierre-Noël est l’homme du manque et de ses conséquences dramatiques sur le petit enfant qu’il a été.

JDLS est l’homme du « suffisamment plein ».

D’un côté de la haie de troènes, Pierre-Noël culpabilise son épouse.
JDLS prend sa responsabilité dans ce qui se passe dans le couple.
Pierre-Noël exige la perfection.
JDLS a lu Winnicott ; les choses « suffisamment bonnes » lui conviennent.
Pierre-Noël veut une épouse omnisciente.
Quand il ne sait pas, JDLS regarde Wikipédia.
Pierre-Noël veut une épouse totalement disponible.
JDLS sait attendre.
Pierre-Noël ne supporte pas que son épouse change d’avis.
JDLS sait que « Seuls les idiots ne changent pas d’avis« .
Pierre-Noël dit : « Tu as le devoir d’être une bonne épouse !« 
JDLS déguste son Origan du Comtat en lisant Les jeux et les hommes.
Pierre-Noël dévalorise son épouse : « La Quiche loraine de ma Mère est bien meilleure que la tienne ! »
L’épouse de JDLS ne fait pas de Quiche loraine !!! Et sa mère non plus !!!
Pierre-Noël dit : « Ton talent pour le massage californien, je m’en fou !« 
JDLS aime le massage ayur-védique.
Pierre-Noël est maladivement jaloux.
La Maman de JDLS lui a lu le Livre de Job et lui a expliqué La route antique des hommes pervers, des homme jaloux.
Pierre-Noël est un flatteur.
La Maman de JDLS lui a lu Le Corbeau et le Renard : « Apprenez que tout flatteur … »
Pierre-Noël fait des cadeaux pour qu’on lui soit redevable.
La Maman de JDLS a lu L’essai sur le don de Marcel Mauss.
Pierre-Noël se pose en victime.
La Maman de JDLS a lu Le bouc émissaire de René Girard.
Pierre-Noël n’est responsable de rien, son épouse est responsable de tout.
JDLS se gratte la tête … en les regardant !!!
Pierre-Noël ne dit jamais ses sentiments.
JDLS est poète.
Pierre-Noël ne dit pas ses opinions.
JDLS est militant écologique.
Pierre-Noël ne fait pas de demande pour ses besoins et ses désirs.
JDLS fait des lettres au Père Noël et sa femme lui fait des petits cadeaux.
Pierre-Noël déteste les réunions de co-propriétaires.
JDLS s’occupe du comité de quartier.
Pierre-Noël est mythomane, il invente des histoires à dormir debout.
JDLS écrit des nouvelles – sa Maman lui a raconté les arts du roman de Kundera, de James, de Woolf, de Stevenson et d’Eco.
Pierre-Noël ne fait pas ce qu’il dit et ne dit pas ce qu’il fait.
JSLS écoute les sketches d’Anne Roumanoff.
Pierre-Noël le Pervers Narcissique et Jésus de la Salpêtrière, des styles opposés de chaque côté de la haie de troènes

Comme on vient de le voir, pour être la Mère de JDLS il vaut mieux avoir pris la pilule pendant quelques années pour avoir eu le temps de lire le Livre de Job, Jean de la Fontaine, Winnicott, Marcel Mauss, René Girard, l’Art poétique de Boileau, cinq arts du roman, l’Art du massage de Gordon Inkeles et quelques autres trucs.

Est-ce à dire que la Mère de Pierre-Noël ne sait pas lire ou n’a pas le temps de lire ?

On peut dire, avec Winnicott, que la Mère de Pierre-Noël n’est pas « suffisamment bonne« .
Elle ne sait pas faire avec les « jeux » qui feraient grandir Pierre-Noël.
Les jeux où la Maman dit « des fois … je suis là » ou « des fois … je suis pas là« .
Où la Maman dit des fois « Je peux te donner » des fois « Je peux pas te donner !« 
Où la Maman dit des fois « Je dois t’interdir ! » et des fois « Je peux t’autoriser …« 
etc.
Je parle de la Mère de Pierre-Noël plutôt que du Père de Pierre-Noël parce que les défaillances sont des défaillances des premiers âges de la vie de Pierre-Noël.
On peut s’interroger : « Où est le Père ? » « Comment aurait-il pu étayer la Maman ? » etc.

Références

Le salpêtre
Le Livre de Job
René Girard La route antique des hommes pervers
Wikipédia Isabelle Nazare-Aga
Wikipédia Winnicott
Wikipédia Origan du Comtat voir aussi Sauver sa peau face aux virus
Wikipédia Médecine ayur-védique
Wikipédia Le corbeau et le renard
Marcel Mauss Essai sur le don
René Girard Le bouc émissaire
Nicolas Boileau L’art poétique
Comité de quartier
Kundera L’art du roman
Kundera nous a appris que « Plus un thème est dramatique, plus on doit y mettre de l’humour ! »
Jean Perrot Henry James …
Virginia Woolf Art du roman
Stevenson Essai sur l’art de la fiction
Umberto Eco Art du roman
Anne Roumanoff Sarkozy fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait Minute 4 de la vidéo
Gordon Inkeles L’art du massage
Roger Caillois Les jeux et les hommes

Illustration

Bien sûr Denys Arcand et son Jésus de Montréal sont inspirants.

Voir aussi : Autour du pervers narcissique

Notes

(1) Merci à Peter Coultas pour sa question sur Quora


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